Depuis des générations, Manjyly Ata sert de repère aux pèlerins locaux en quête de réconfort et de purification. Malgré sa renommée auprès de la population kirghize, Manjyly Ata reste relativement peu fréquentée par les touristes. En effet, le site est idéalement situé sur la route reliant Bichkek à Karakol, en longeant la rive sud du lac Issyk Kul. Au-delà de son importance culturelle, le cadre géographique de Manjyly Ata est une attraction pour les visiteurs. Encerclée par les sommets enneigés des montagnes Tien Shan et offrant une vue panoramique sur le lac Issyk Kul. Pourtant, sa relative obscurité contribue à son charme, offrant une expérience paisible, souvent partagée avec une poignée de visiteurs locaux dévoués.
Sommaire
Les moments propices à la visite de Manjyly Ata
Les visiteurs de Manjyly Ata bénéficient d’un accès à toutes les saisons. Néanmoins, il faudra bien planifier votre visite lors de votre voyage au Kirghizistan. Les hivers sont généralement doux, les chutes de neige étant rares, mais les vêtements chauds sont indispensables en raison du froid. Inversement, les étés exigent des mesures de protection contre la chaleur, telles que de la crème solaire et des couvre-chefs, tandis que le printemps et l’automne apportent des conditions météorologiques fluctuantes qui peuvent nécessiter des chaussures robustes pour naviguer sur des sentiers potentiellement glissants.
L’accès à Manjyly Ata
Depuis Bokonbaevo, Manjyly Ata est accessible en taxi organisé par le bureau local du CBT (Community Based Tourism), qui peut également faciliter le covoiturage avec d’autres touristes pour réduire les coûts. Les minibus ou les taxis collectifs qui partent de la gare routière de Bokonbaevo, située à côté du bureau CBT et du bazar, se dirigent également vers Karakol. Les voyageurs doivent être attentifs à la signalisation routière bien visible en bord de route indiquant l’emplacement de Manjyly Ata et doivent prévoir de prendre le chemin du retour avant 15-16 heures. Depuis Karakol, Manjyly Ata peut être une étape lors d’un voyage entre Karakol et Bokonbaevo ou dans le cadre d’une excursion d’une journée. Au départ de Karakol, les marshrutkas ou les taxis collectifs à destination de Bokonbaevo ou de Balykchy peuvent déposer les visiteurs sur le site. Les combinaisons possibles incluent des arrêts à des sites comme Jeti Oguz, le canyon de Skazka ou la plage de Tosor, avec une heure de retour recommandée avant 14-15 heures.
Le sentier des sources sacrées
Les différentes sources sacrées, toutes réputées pour le traitement de pathologies spécifiques, sont reliées entre elles par des chemins serpentant à travers le paysage rocheux. Au point d’entrée, une maison de pèlerins propose une carte de base indiquant les sources, les arbres sacrés et les tombes importantes de la vallée. La source principale, reconnaissable à l’entrée, a une teneur en soufre notable, réputée pour soigner les affections cutanées et les problèmes cardiovasculaires. La seconde source, Bala, est associée à la fertilité, et les personnes dans le désir d’avoir des enfants peuvent se rendre sur place pour obtenir de l’aide à la conception et à l’accouchement. Les eaux de Bugu Ene se concentrent sur le traitement des affections du foie et des yeux et se trouvent à proximité d’un arbre vénéré.
L’Aziz Bulagy, ou « source des serpents », est censée soulager les maux de tête, la dépression, l’anxiété et d’autres troubles neurologiques. Bien que les chemins offrent une promenade tranquille d’environ deux heures, les panneaux de signalisation et les informations sont limités, au risque que certains éléments restent cachés au voyageur non initié. Les tombes des anciens gardiens et les arbres sacrés peuvent échapper à une exploration approfondie. Néanmoins, la visite de Manjyly Ata révèle les pratiques spirituelles profondément ancrées dans la région et permet de s’évader en toute tranquillité dans un cadre naturel saisissant.
Les légendes autour de Manjyly Ata
L’importance de Manjyly Ata en tant que lieu de pèlerinage est antérieure à l’arrivée de l’islam dans la région. Les sources sont particulièrement recherchées par les personnes en quête d’une descendance. Selon la légende, un couple ayant prié ici pour avoir un enfant fut béni par la naissance d’un fils nommé Manas, un héros national célèbre pour avoir unifié les tribus kirghizes, un récit qui figure dans le poème épique de Manas, une œuvre inestimable de la littérature kirghize. Par ailleurs, un saint soufi respecté du nom de Manjyly, qui a embrassé l’islam et utilisé les eaux sacrées pour guérir des centaines de personnes, a été enterré sur le site à sa mort. Les pèlerins continuent d’affluer ici, à la recherche de la sagesse et des pouvoirs curatifs prodigués par le saint.
Selon une autre croyance, le mot « manjyly » est lié au « manjak », un terme utilisé par les habitants de l’Altaï pour décrire le manteau en peau de mouton porté par les chamans pendant les rituels. Les histoires, bien qu’abondantes, ne sont souvent pas enregistrées et restent donc dans la tradition orale. Malgré les changements de pouvoir et d’idéologie, les gardiens de Manjyly Ata sont restés inébranlables dans leur surveillance des lieux sacrés, même pendant l’ère soviétique, en raison du découragement de la religion et des pèlerinages clandestins effectués sous le couvert de l’obscurité. Aujourd’hui, Jakypov Kadyrbek, originaire de Jeti Oguz et possédant des connaissances en médecine traditionnelle acquises à Bichkek, fait office de gardien spirituel et dirige les pèlerins à leur arrivée.